
340 artisans d’art exposent au Carrousel du Louvre ce week-end.
Ils travaillent pour l’Etat et, de plus en plus, sur des rénovations privées.
La rénovation du Panthéon, des palaces, des hôtels particuliers parisiens rachetés par les familles royales du Golfe, la construction d’une copie de Vaux-le-Vicomte (à Louveciennes, dans les Yvelines) pour un riche Moyen-Oriental… Ils œuvrent partout, mais le luxe est discret et ses ambassadeurs, les artisans d’art, souvent liés par une clause de confidentialité. Jusqu’à dimanche soir, au Carrousel du Louvre, 340 d’entre eux, incarnant le luxe à la française, s’exposent à la 22e édition du Salon international du patrimoine culturel.
Les commandes qu’ils reçoivent émanent de plus en plus souvent de clients privés, la commande publique étant en chute libre. Ferronniers, zingueurs, laqueurs, tailleurs de pierre, menuisiers ébénistes, spécialistes de mosaïques, de céramique, d’objets décoratifs, tous ont pris le virage ou tentent de le faire. « Il y a quinze ans, nous avions 80 % de commandes publiques et 20 % de clients privés, aujourd’hui, c’est l’inverse ! » résume François Perrault, des Ateliers Perrault, spécialiste des boiseries, charpentes et fenêtres haut de gamme. Sur mesure, assemblées à l’ancienne, en bois, en bronze, pare-balles, elles équipent « notamment des suites de palaces », précise-t-il. Quand ce n’est pas pour des réalisations plus spectaculaires comme « ces fenêtres de 6,50 mètres de haut, en bois retravaillé, pour une résidence privée dans le Golfe ». Mais, pour des particuliers recherchant seulement quelques fenêtres « normales », « nous ne sommes que 15 % à 25 % plus cher que de l’industriel », souligne François Perrault. Le luxe n’est pas toujours inaccessible.
Avec un chiffre d’affaires qui a décliné ces dernières années et sera stable cette année, les Ateliers Perrault vont chercher « des contrats à forte valeur ajoutée à l’international, pour compenser la pression à la baisse des prix e n France ».
Aider à la formation
D’autres se diversifient en se lançant dans le style contemporain ou le high-tech. C’est le cas d’ECP (Entreprise pour la conservation du patrimoine), basé à Strasbourg, qui fabrique des mortiers de restauration et des gels de nettoyage pour la pierre. « Nous espérons mettre au point un laser au faisceau assez large pour servir au nettoyage de la pierre dans le cadre des ravalements de façades », explique José Soares chez ECP.
Pour préserver les filières d’art, « il faut aider à la formation et donner accès aux marchés publics en faisant des lots de commandes plus petits, réservés aux artisans d’art », alerte Aude Tahon, la nouvelle présidente d’Ateliers d’art de France, qui fédère les métiers d’art. « Aujourd’hui, les artisans sont contraints d’être sous-traitants de majors de BTP, car ils n’ont pas la taille pour prendre les commandes publiques ! » Le Salon du Carrousel permet aux artisans d’engranger des commandes privées, d’architectes, de décorateurs, mais aussi de riches particuliers venus déambuler dans les allées. « En 2015, sur 26.500 visiteurs, il y avait 20 % de professionnels et de prescripteurs, contre 10 % en 2014 », se félicite Aude Tahon. La fréquentation de l’édition 2016 sera scrutée de près.
Myriam Chauvot, Les Echos